PREMIÈRE MOITIÉ DU XVI° SIÈCLE                   231
A en juger par le nombre considérable de tapisseries portant leur marque qui existent encore, ils dirigeaient un. personnel aussi nombreux qu'habile. . Les œuvres de Roost sont ordinairement signées, comme on l'a fait remarquer, d'une sorte de rébus sur le nom du tapissier; Karcher avait l'habitude, de son côté, d'inscrire ses initiales au bas de ses œuvres. M. Wauters, dans VHistoire de là tapisserie de Bruxelles, a donné une reproduction en couleur de la marque de Jean Roost ou van der Rost. Elle .parait sur un certain nombre de pièces fort riches, conservées pour la plupart dans les collections publiques de l'Italie; quelques-unes se rencontrent aussi chez des particuliers. Nous signale­rons le Déjeuner de chasse, appartenant à M. Paul Marmottait, de Paris.
Gràce aux archives presque intactes de la manufacture ducale, M. Conti, a pu dresser une liste à peu près complète des œuvres dues à la collaboration des deux maitres flamands. Pour ne parler que des principales, nous citerons en première ligne VHistoire de Joseph, tenture en vingt pièces, peut-être le chef-d'œuvre de Roost et de Karcher, exécutée de 1547 à 1550 sur les cartons du Bron-zino. D'après Vasari, elle n'aurait pas coûté moins de 60,000 écus d'or. La plupart des panneaux sont tendus aujourd'hui dans les salles du Palais-Vieux, à Florence.
En 1550, Roost travaille àla tenture de l'Histoire de sainl Marc pour la vieille basilique de Venise. Les modèles étaient de Jacopo Sansovino. Le tapissier s'était engagé à n'employer que du fil d'or et d'argent avec de la soie, sans mélange de laine. Le prix était fixé à 6 livres 4 sous la brasse carrée.
Les directeurs de l'atelier de Florence étaient donc autorisés à mettre leurs talents au service des clients étrangers quand ils en trouvaient l'occasion. En 1553, Roost est occupé à certains tra­vaux demandés par le duc de Ferrare. Cinq ans plus tard, il est appelé par le pape pour installer l'atelier de Rome ; mais il reste à peine quelques semaines dans la ville pontificale.
Après une laborieuse carrière, le glorieux tapissier se trouva réduit, par cles revers de fortune, à la situation la plus précaire. Une faillite le ruina et l'obligea, en 1560, à demander une pension alimentaire à son fils, Giovanni cli Giovanni Roost, qui lui avait succédé dans la direction de l'atelier florentin. Deux ans après, Jean Roost, le père expirait clans le dernier dénuement. Plusieurs années